INTRODUCTION
Jean-Pierre CHANAL est né en 1940, en Ardèche, dans un petit hameau situé à proximité de Privas, préfecture du département. Il a vécu dans ce hameau, chez ses grands parents, les années de guerre et l’arrivée des troupes allemandes. En 1946 il a suivi ses parents dans un village Drômois. Ce déracinement l’a beaucoup perturbé. C’est vers l’âge de treize ou quatorze ans que lui est venue l’envie de s’exprimer par le dessin et la peinture. Après quelques essais encourageants il décide de s’orienter vers l’architecture pour ses activités professionnelles. Activités qui lui permettront de ne pas quitter le dessin et son goût maintenant bien établi pour l’acte créatif. On le retrouve pendant cette période, employé commis d’architecte et élève à l’école d’art de Valence. Au cours de ses activités dans l’architecture il continuera à assouvir sa passion de la peinture devenue une nécessité.
Avant d’en arriver là, on trouve dans sa peinture une première période d’essais et de tâtonnements qui s’échelonne depuis ses quinze ans jusqu’à ses vingt ans, moment de son départ appelé sous les drapeaux, pour la guerre d’Algérie. De retour en 1962, tout en s’investissant dans sa profession de futur architecte, il reprend les pinceaux. Cette coupure des deux années passées sur le sol Algérien dans des conditions quelques fois difficiles, lui fait prendre conscience d’un besoin de rechercher l’essentiel. C’est ainsi qu’apparait dans son œuvre une simplification du sujet et une structuration de la composition. Structuration et simplification qui ne fera que s’amplifier tout en restant dans le domaine figuratif où le sujet perd de sa consistance pour ne devenir qu’un support de l’idée exposée.
Ce sont des évènements ultérieurs qui viendront conforter ses premiers ressentiments et ses doutes envers la société humaine qui sont apparus au cours de la guerre d’Algérie. On peut trouver les récits de ces évènements et de ceux antérieurs dans les ouvrages qu’il a écrit (« Le sillon et l’ornière » et « La poésie survivra »). Evènements qui lui feront, après les simplifications et les structurations maintenant bien en place, s’exprimer sur ses ressentiments et ses doutes. Expression pas toujours optimiste. Au cours des années, beaucoup de sujets seront ainsi, soit sublimés, soit pris à parti. Démarche qui le conduit vers une peinture engagée, pas forcément du goût de tout le monde. Sorte de discours, souvent agressif, qui a quelque chose à dire sans se soucier de plaire ou de déplaire. Peinture chargée de symboles, combat entre le point, la ligne droite et la courbe. Le point, coup de poing spontané, la ligne droite fugitive comme le temps qui passe et la courbe signe de ce qui dure et veut retenir le temps. Le tout dans un bain de couleurs, quelquefois douces, quelquefois agressives, reflet direct du sujet traité.
Entre quelques toiles le peintre réalise, à l’extérieur quand le temps le permet, des aquarelles dans lesquelles la lumière de son Ardèche explose sans retenue.
Nous vous laissons dans les pages qui suivent découvrir ses différentes périodes d’expression depuis leur origine en 1954 et juger les flottements entre bien et mal, certitudes et doutes, qui sont les ingrédients incontournables de la vie humaine, que l’on retrouve dans sa peinture de la troisième période.
NOTA : Les peintures ne sont pas présentées par chronologie de dates. Elles sont présentées le plus souvent par thème traité. Les dimensions citées ne sont pas précisément exactes, elles sont données pour avoir une idée de l’importance de l’œuvre. Les photos sont d’amateur et les couleurs pas toujours fidèles.
Les peintures présentées sont classées selon trois périodes : voir ci-dessous